La Plume & L'Epée
Convent Juin 2021

Notre prochain Convent se déroulera au mois de juin 2021.
Entre autres Chapîtres de l'Ordre, une veillée d'armes et une cérémonie importante d'élévations et d'adoubements est au programme.
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✠ Non Nobis, Domine, Non Nobis, Sed Nomini Tuo Da Gloriam ✠
L'essentiel est dans le détail
Le Sacré et le Profane

D’un point de vue anthropologique, dans le domaine historique et social et en se référent à la perception que les peuples en ont toujours eue dans l’histoire, le Sacré est ce que la société considère comme étant au-dessus et séparé d’elle, interdit, en même temps que doué d’une force active surnaturelle.
A Rome le droit romain traditionnel distinguait le “Sacer” (sacré) du “Sanctus” (Saint). Par “Sacer” (Sacré) on entendait tout ce qui appartenait à un contexte en dehors du domaine humain, donc à Dieu.
Le “Sanctus” (Saint) en revanche, n’était ni sacré, ni profane, ce pouvait être un lieu, une loi, une relique ou toutes autres choses, devant être protégés par le profane, délimitant ainsi une frontière qui entoure le “Sacer”.
En effet, le “Sanctus”, même s’il n’appartenait pas au Divin, était en quelque sorte lié à lui, et représentait tout ce qui était défendu de toute atteinte humaine et soumis à sanction.
Le “Religiosus” (Religieux) appartenait lui au domaine privé car il concernait cet ensemble de rites, traditions, symboles, croyances et significations qui permettaient à l’homme romain d’entrer en relation avec le Divin.
Dans ces conditions, il apparaît évident que la “royauté” a donc toujours eu besoin du Sacré, en tant qu’instrument politique, pour pouvoir affranchir et légitimer son autorité à travers l’évocation et la représentation du Surnaturel.
Le caractère sacré du rituel mérovingien était notamment un lien entre le sacré chrétien et le pouvoir, très différent de celui qui s’est établi à l’époque carolingienne, puisque les premiers ne permettaient pas de médiation ou d’interférence du clergé se référant à l’Eglise catholique romaine, tandis que les seconds se caractérisaient justement par un rituel sacramentel coordonné avec ce dernier.
Le système symbolique et rituel adopté et développé par la royauté mérovingienne était structuré sur la base de construction allégoriques qui, en reconstruisant le passé ou en interprétant le présent, exprimaient une représentation du pouvoir, qui était considérée comme descendu du Ciel, par la volonté et l’intervention des forces divines. C’est précisément grâce à cette communication, établie entre les peuples à travers des rituels qui s’exprimaient essentiellement par des symboles, que l’on a pu incontestablement légitimer différentes formes de pouvoir et de souveraineté.
La vraie royauté française est née au Ve siècle, précisément avec les Mérovingiens, première Dynastie royale des Francs, qui, en engendrant toutes les suivantes, est donc la véritable mère de l’actuelle France.
Cette royauté française, s’inscrit dans le contexte géopolitique de l’époque, qui consistait à unir les peuples gallo-romains, sous un même pouvoir gouvernemental et religieux.
Pour cela même, Clovis, parce qu’il avait entrevu une opportunité pour son royaume, s’était converti au christianisme catholique romain de l’Empire, ce qui a inévitablement exposé la France à l’influence du monde romain, à travers aussi une nouvelle forme d’organisation politique, et la transmission de certains nouveaux modèles culturels.
La dynastie Mérovingienne va donc marquer le passage décisif d’un pouvoir local, géré au niveau tribal où l’ordre social était souvent régi par le conseil des anciens et des chefs de tribu, à une véritable souveraineté, dont les fondement de la supériorité royale se situent nécessairement dans une force surnaturelle et dans une assimilation des souverains aux dieux et aux fonctions qu’ils assument.
Mais c’est surtout la conversion au christianisme, religion monothéiste, qui a permis au roi de supplanter tous les systèmes de pouvoir précédents en s’identifiant à un dieu unique et indivisible, supérieur à tous les autres dieux.
Le christianisme, dans sa version impériale, a donc donné à Clovis et à ses descendants une nouvelle sacralité, avec notamment la mission religieuse de gouverner l’Eglise et d’assurer l’ordre dans le royaume sous les auspices divins.
Lorsque se produit un processus de centralisation du pouvoir, le roi, ou celui qui incarne l’autorité suprême, a tendance à concentrer progressivement les deux fonctions principales, à l’origine dévolues à deux dieux et deux personnes différentes : la fonction de juridiction par laquelle on proclame le droit, on rend la justice, celle délivrée par Dieu à l’homme à travers les Souverains, et la fonction guerrière qui assure la prospérité. La première s’identifie au ciel et au soleil, tandis que la seconde est liée au tonnerre, à la guerre et aux récoltes.
En France, c’est précisément pendant et après le Règne Mérovingien, lorsque le monothéisme s’est imposé, que la concentration de sacré sur la personne royale ou incarnant l’autorité suprême, assimilée au dieu unique, devint plus forte encore, et avec elle, l’accroissement du pouvoir régalien.
Parmi les symboliques oraux qui étaient utilisés pour décrire les rituels mérovingiens d’élévation de l’autorité suprême, on parlait de “constituer un Roi au-dessus et d’être “élevé” au Royaume. La référence à la dimension verticale implique le lien avec le ciel, donc avec le pouvoir, l’autorité, la domination montre que l’élévation relevait d’un système rituel symbolique dans lequel la montée traduisait l’accès à la sphère divine, celle du Sacré.
Cette notion du sacré est donc essentielle. En méconnaitre le véritable sens, s’est supprimer ipso facto toute légitimité au pouvoir incarné et relègue au profane, toute manifestation de la matière incarnée, qui rejoint le vulgaire (ordinaire).